Aujourd’hui, une verveine musicale à prescrire pour apaiser les esprits.
Sophie, cette perspective de débat te donne envie de prescrire une verveine musicale à tout le monde ?
Oui, je pense qu’avant une joute verbale et politique, où les coups peuvent tomber bien bas, ça peut faire du bien de se relaxer et de prendre de la hauteur. Faisons-le avec un morceau de Nuṣrat Fateḥ ′Ali Khān, musicien soufi, descendant d’une longue lignée de musiciens de qawwalî. Le qawwalî, c’est la voix de celui qui porte la parole divine, le mystique, qui par sa poésie et sa voix emporte les autres dans un au-delà transcendé.
Nuṣrat Fateḥ ′Ali Khān est né en 1948 au Pakistan, dans une famille de musiciens, il hérite d’une tradition vieille de 700 ans, qui se transmet de père en fils. Mais son père à lui, qui était musicologue et savant, ne souhaite pas qu’il devienne chanteur. Il l’espère médecin, ingénieur, et pendant longtemps, Nusrat ignore son destin. Et puis un jour, autour de la mort de son père, il fait un rêve qu’il interprète comme une révélation. Il endosse cette prophétie et il va devenir la voix du qawwalî, au-delà des élites pakistanaises, à travers le monde. Petit à petit, son message s’exporte hors des frontières et séduit les amateurs de sono mondiale. Il collabore avec Massive Attack, Peter Gabriel, ses morceaux servent à des bandes-originales, s’éloignant parfois du sacré.
En 1997, il est mort. Depuis, ses morceaux ont continué à circuler, apaisant des millions d’âmes, que l’on soit touché par leur charge spirituelle ou simplement par ses mélodies magnifiques.
Alors voici, un peu de chant soufi pour apaiser les esprits des candidats de droite.