Aujourd’hui dans Vitamine So, un air de révolution avec Won’t Get Fooled Again des Who
Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.
Ce matin, Armel parlait d’éternel recommencement politique. Ca donne envie d’écouter quoi ?
Un groupe un peu désabusé, qui a en tout cas décidé par cynisme, par lassitude, pour se protéger aussi des déceptions sans doute, de ne plus se laisser berner par ceux qui promettent de renverser l’ordre établi. Ce groupe, c’est les Who et leur chanson qui raconte au mieux cette attitude s’appelle Won’t Get Fooled Again (on ne se fera pas avoir de nouveau).
Ce titre est très connu, et comme parfois nous écoutons sans trop y faire attention les chansons que l’on adore, alors je me suis dit que cela valait le coup de vous re raconter de quoi parlent The Who. Il a été composé en 1971, et s’il ne parle pas directement du retour de la droite filloniste, il évoque plutôt les désillusions face aux espoirs de révolutions.
Dès le début, et on a pourtant envie d’y croire, le chanteur Pete Townsend nous conte des combats qui se feront dans la rue, contre les morales établies par des usurpateurs du peuple. Il y aura des nouvelles constitutions, avec la jeunesse, et nous y croirons.
Et puis petit à petit : le jour d’après se met étrangement à ressembler à celui d’avant, pour les citer “The World Looks Just The Same / And History Ain’t Change”. L’histoire n’a pas changé : les anciens patrons ressemblent aux nouveaux et la lutte aura été vaine.
C’est en tout cas comme ça que beaucoup ont compris leur philosophie, souvent considéré comme conservatrice : tellement démotivante qu’elle ne donne pas envie de faire de révolution, de peur que cela échoue.
Et pourtant, je crois que Les Who sont moins réactionnaire que ça, je les crois même profondément perturbateurs. En tout cas le mot même de révolution dont ils se servent, à l’origine, veut dire tourner sur soi-même. Son étymologie, latine et française, indique le cycle, l’éternel recommencement. C’est pour cela que l’on parle de révolutions des planètes, une fois qu’elles ont fait le tour d’un autre astre.
Alors dans le fond, ce que disent les Who c’est peut être ça : que les systèmes politiques sont tellement indéboulonnables, qu’ils sont soumis au même mécanisme que les astres éternels. Et que si l’on veut changer tout cela, et bien il faut faire plus encore que tout ce que l’on connaît déjà. Plus que descendre dans la rue, plus que se battre pour ses idées, plus qu’une révolution : il faut recréer un big bang.
Il est vrai que lorsque l’on voit les choses comme ça, nous réalisons que sans grand chambardement, les choses ne changent pas. Et cela rend encore plus ringarde la droite de grand-papa dénoncée par Bruno Retailleau, et encore plus visible le fait que son idée de la révolution, à lui Bruno, n’est finalement qu’une circonvolution.
Place à la rébellion donc, avec The Who et leur Won’t Get Fooled Again.