Une rétrospective lui est consacrée au Centre Pompidou.
Valerian Borowczyk nait en Pologne en 1923 et finit à Paris en 2006. Ce polonais est avant tout un artiste, un plasticien, un graphiste, mêlé à la grande mode des affiches de l’est des années 50-60, et aussi des films d’animations, notamment Tchèque et Polonais… Des dessins animés graphiques et politiques !
En 1958, il arrive à Paris, auréolé de ses succès d’animation, notamment image par image. Il est un artiste de l’est, à la mode, empreint de tous les fantasmes que lui prête l’intelligentsia française, en route vers Mai 68 (Milos Forman, et aussi Roman Polanski arriveront en fin de cette vague de l’Est). Ses idées, ses images sont largement littéraires, théâtrales, influencées par l’art, la psychanalyse, le sexe, l’érotisme, et, il le dira haut et fort, marqué par le grotesque (historique, artistique…) Un Art de références.
Se moquer du monde, pas des symboles
Ses petits films animés, à la fois sur-réalisants et absurdes, révèlent un goût très fort pour les objets, les encyclopédies, le gag, la cassure, la surprise décalée. Borowcyk se moque du monde et de sa réputation, mais pas des symboles.
Borowczyk anime des objets anciens très « marché aux puces », et la poupée rampe vers le phonographe, les outils font un ballet cliquetant ou se mettent au travail, pour nous faire retomber en enfance, rêver et réfléchir au contenu des choses. Son film en papier découpé, « Mr et Mme Kabal », plein d’humour noir est un salut à Alfred Jarry, le père d’Ubu Roi.
Il travaille avec Chris Marker, autre cinéaste expérimental et politisé, puis il choisit André Pieyre de Mandiargues, un ami auteur surréaliste comme scénariste attitré, et se lance dans une série de films érotiques et cruels, tiré de romans et de classiques, ou carrément inspirés de l’histoire (Gilles de Rais, Jerzébeth Bathory…) qui ne vont pas manquer de « choquer le bourgeois », un exercice à la mode de l’époque.>
Choquer le bourgeois
Emporté par sa passion et par une vision à part du cinéma, il va enchainer les films après 1968 : Goto île d’amour, Contes immoraux (ou Paloma Picasso en princesse vampire prend des bains de sang), L’Histoire du pêché, La Bête (le plu connu ou une marquise fait jouir une sorte d’âne-singe à l’écran !), Les héroïnes du mal ou Docteur Jekyll et les femmes (presque un par an jusqu’en 1984)…
Il détourne des histoires en costumes du XVIIIe siècle, ridiculise la société et les mœurs au passage, dénonce l’hypocrisie et l’absurdité du monde, et finit en apothéose érotique et parfois sanglante … ( décevant pour les voyeurs !)
La critique, finira par se venger de cet artiste iconoclaste, trop bizarre pour le grand public, trop underground pour les médias et qui se permet de flirter avec les images de nus et de sexe.
Il sera traité d’obsédé, de pornographe, malgré la reconnaissance des intellectuels et artistes. André Breton le considérait comme « l’imagination fulgurante ». Borowczyk se mérite, et se juge sur l’ensemble de son travail. Ce n’est pas un homme de spectacle, mais bien de réflexion. Son décalage et son ironie restent d’actualité devant les ravages du Show-biz. Il est un antidote.
Rétrospective Walerian Borowczyk au Centre Pompidou du 24 février au 19 mars 2017 + coffret DVD (distribué par le Centre et Carlotta films ) : 8 DVD et 3 Blue Ray. Tous les films d’animations (16 courts métrages + 7 longs + 2 livres et des ITW et suppléments)
Visuel : (c) DR