Il y a 30 ans sortait « Regulate… G Funk Era » de Warren G. Un monument du rap californien qui a marqué l’été 1994. Retour sur un album culte.
The Chronic de Dr. Dre. Doggystyle de Snoop Dogg. Et Regulate… G Funk Era de Warren G. Trois albums baignés par le soleil californien et la fumée du chanvre, habités par la violence de la rue et les samples groovy de Funkadelic ; la sainte trinité du G-Funk.
À l’origine, il y eut Dr. Dre. Membre de N.W.A., puis producteur à succès, fondateur du label Death Row Records (et du son G-Funk). Puis, il y eut Snoop Dogg, son flow inimitable, quasi-emblème de la vibe « G ». Le lien entre les deux ? Warren G.
« G » Thang
En 1990, Warren Griffin — Warren G — fonde le collectif « 213 », avec Nathaniel Hale — Nate Dogg — et Calvin Broadus, un certain Snoop Dogg. Les cassettes démo du collectif tournent dans la région de Los Angeles, jusqu’à arriver dans les mains de Dr. Dre — demi-frère de Warren G, déjà une célébrité à ce moment-là. Mais le moment n’est pas encore le bon, et Dre refuse de les écouter.
L’opportunité se présente à nouveau lors d’un enterrement de vie de garçon, où Dr. Dre invite son demi-frère à venir passer une tête. L’ambiance est bonne, mais la même musique tourne en boucle ; une mission pour Warren G. Il sort une démo enregistrée avec 213 et tout le monde se met à danser. Dre, séduit notamment par le flow de Snoop Dogg, les invite immédiatement en studio.
À partir de là, c’est le début de la légende. C’est à cette époque que le Dr. travaille sur The Chronic, album qui allait l’inscrire au panthéon du rap. Snoop Dogg rappe, tandis que Warren G est chargé d’aller digger pour trouver des samples.
Mais Warren G comprend qu’à ce moment-là, c’est à lui de prouver son talent par ses propres moyens — c’est soit ça, soit rester dans l’ombre de son demi-frère. En 1993, il rencontre John Singleton, pour qui il enregistre « Indo Smoke », morceau de la bande originale de Poetic Justice. Le morceau rencontre un certain succès, et le label Def Jam lui propose de signer direct ; un label de la East Coast.
« That this D.J. be Warren G »
La machine est lancée : Warren G utilise toutes les techniques qu’il a observées en Californie pour cuisiner cet album culte, Regulate… the G-Funk Era. Samples réorchestrés par des musiciens studios, flow laid-back et des textes un peu différents de ses contemporains. Warren G a l’air plus cool que les autres rappeurs de l’époque, plus sensible et poétique aussi : « If I had wings I would fly, let me contemplate » déclame-t-il sur « Regulate », le morceau-titre. Sorti en avril 1994, quelques mois avant l’album, c’est d’ailleurs un succès. Trois semaines dans le top 2, 18 dans le top 40. Le single est d’ailleurs un featuring avec Nate Dogg, son camarade de 213.
À ce moment-là, tous les États-Unis en connaissent par cœur les paroles d’ouverture : « It was a clear black night, a clear white moon« .
Regulate… G Funk Era sort finalement le 7 juin 1994. Autant dire que c’est THE album de l’été cette année-là. Parmi les autres titres qui tournent en boucle sur les ondes et sur MTV, il y a aussi « This DJ », où Warren G raconte ses débuts en tant que producteur dans une ambiance bien douce, bien mellow.
Même si en avril de la même année, Nas sortait Illmatic, un autre album de légende, ce dernier reste confiné aux cercles initiés. Avec Regulate… G Funk Era, Warren G a réussi le pari de s’émanciper de son demi-frère : il a signé un album culte.