Avec Aryane, Blue Katrice ou Laake, le festival organisait sa quatrième édition. En quelques mots ? Patrimoine roubaisien, musiques plurielles… et chaleur humaine.
On vous l’accorde : Roubaix, à la fin du mois de janvier, n’est pas la destination à laquelle on pense en priorité quand il s’agit de partir en week-end. Injuste, le désintérêt touristique que susciterait cette ville aux gènes puissamment ouvriers et devenue l’un des plus grands pôles urbains de la Métropole lilloise ? Sans doute, car il suffit, et même lorsque l’on n’est pas passionné de briques rouges, d’écumer patiemment la ville pour se rendre compte de la richesse de son patrimoine.
Bâtisses et hôtels particuliers de la fin du 19e, lofts industriels, Archives Nationales du Monde du Travail, le très beau Musée de la Piscine, la villa Cavrois… de beaux monuments qui, l’hiver venu, perdent un peu de leur chaleur. Comment leur en redonner ?
Nicolas Lefèvre, le directeur de la Cave aux Poètes (salle de concert connue pour sa programmation éclectique et son bas plafond), a trouvé ces dernières années comment y remédier… et apporter un peu de chaleur à la rudesse de l’hiver du coin. La salle de spectacle roubaisienne a en effet décidé de lancer en 2019 We Loft Music, un festival qui prend le contre-pied des événements estivaux en proposant des rencontres musicales intimistes. Onze jours de découvertes et redécouvertes de lieux insolites, de contemplation, au rythme de la saison, de concerts planants et d’émergence musicale. Cette année, on pouvait retrouver à l’affiche de ce rendez-vous itinérant, Tim Dup, Laake, Lonny, Ô Lake, Les Hay Babies ou bien Flèche Love…
On a passé deux jours dans les rues de Roubaix, à s’immiscer dans ces lieux où la musique n’avait parfois pas encore pensé y trouver sa place. On vous raconte.
Aryane et son hôtel particulier
Passé les portes en bois d’une grande demeure particulière aux briques rouges, on découvre un salon chaleureux, une décoration rustique et un beau piano en bois. Bienvenue à la Maison Bleue, maison d’hôte transformée le temps d’un après-midi en salon musical. On y découvre Aryane, une artiste qui, après avoir fait ses armes avec le rap pendant 7 ans, vient se placer au parfait croisement entre pop-électro et chanson française intimiste et percutante. Vous me direz, le cadre s’y portait plutôt bien.
Avant de continuer notre déambulation entre musique de saison et patrimoine, notre regard se pose sur le bar, sur lequel trône une bière aux couleurs du We Loft Music. L’occasion de déguster “L’Éclipse”, spécialement brassée par la brasserie HUB, partenaire local et indispensable de l’événement.
Blue Katrice à domicile
Retour à la source et direction La Cave aux Poètes pour découvrir l’univers de Blue Katrice, roubaisienne portée par son amour pour la musique électronique et sa formation classique et jazz. Sur scène, sa voix envoutante est accompagnée par un violoncelle et une batterie qui nous plongent dans son antre cathartique. Pour info, ce n’était que son troisième concert, et cela ne peut présager que du bon pour la suite de son épopée musicale.
Quand il n’y en a plus, il y a Encore
C’est au centre d’un gymnase industriel aux poutres métalliques et aux briques (vous l’aurez compris) rouges que se dresse une scène à 360° chargée de synthés, modulaires et autres machines. Le duo Encore démarre son live qui emprunte à la techno pour livrer une performance hypnotique et addictive. Un rythme effréné s’installe au centre d’un public alors plongé en trans.
Laake prend possession du conservatoire
Comment ne pas mieux finir un festival qui mêle patrimoine et musique que dans un lieu qui lui est dédié, le conservatoire de Roubaix. Un orgue majestueux dans le fond de la salle, un quatuor à cordes sur scène, une ambiance majestueuse, solennelle et classe. Pianiste autodidacte et producteur électro, Laake allie à la perfection ses productions pigmentées de ses inspirations classiques.
“L’hiver est triste, sombre et froid. Surtout à Roubaix.”, répétait en préambule de chaque concert Manon, la programmatrice de la Cave aux Poètes et du festival. Une chose est sûre, We Loft Music a su rendre cette saison chaleureuse et colorée en ouvrant les portes de lieux dont même les roubaisiens les plus aguerris ne soupçonnaient pas l’existence.