Quelque chose commençait à se dessiner chez les scénarios (Sicario, Comancheria) de Taylor Sheridan, mais c’est avec son premier film de réalisateur que le puzzle prend forme.
Wind River confirme une idée aussi ancienne que les westerns, celle d’un territoire sans foi ni loi à reconquérir pour les hommes de bonne volonté. En l’occurrence les plaines glacées du Wyoming. Celles où un agent des eaux et forêts découvre le cadavre d’une indienne. Puisque Cory Lambert est un bon pisteur, il saura remonter la trace de ses assassins. Surtout quand la décédée est la fille d’un de ses amis…
Avec cette trame digne d’un roman de Dennis Lehane (Mystic river), Sheridan assure que l’Amérique sauvage des débuts n’a pas changé. Elle est même encore plus rude pour les indiens. Les cow-boys y sont toujours taiseux. Comme Lambert, homme muré dans un deuil qu’il n’arrive pas à faire.
Wind river en fait un cousin rural des anti-héros urbains des films de Michael Mann, ces gars qui vivent depuis si longtemps sur leurs certitudes et leurs codes d’honneur, qu’ils ne savent même pas qu’ils n’ont plus cours.
Jeremy Renner, le Hawkeye des Avengers, est impeccable dans ce rôle ; tout de douleur rentrée, de colère prête à sortir.
La grosse révélation étant la mise en scène de Sheridan, tout en faux-calme (lorsqu’il défouraille sans prévenir, c’est pour des scènes de flingages qui mettent Tarantino et pas mal d’autres à l’amende) : en faisant couler le sang dans la neige immaculée, Wind River rappelle que l’Amérique, ça reste une tragique histoire d’usurpation du droit du sol.
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