Et dans cette lutte, la directrice de l’ONG indonésienne Walhi vient d’obtenir une première victoire.
Cette semaine dans Néo Géo, Pierre Gastineau dresse le portrait de Yaya Nur Hidayati, la directrice de l’ONG indonésienne Walhi.
Les incendies volontaires en Indonésie : un fléau écologique
D’abord au sein de Greenpeace, puis depuis six ans au sein de l’ONG indonésienne Walhi, la quadragénaire Yaya Hidayati consacre sa vie à lutter contre la déforestation, et contre ce fléau écologique qui touche si durement l’Indonésie. Ces derniers mois, de nombreux incendies volontaires ont en effet été occasionnés, dans le très grand pays d’Asie du sud-est, par des producteurs d’huile de palme, afin de pouvoir implanter, à la place de ces forêts, de vastes plantations.
Une première victoire pour les écolos…
Yaya Hidayati et son équipe élèvent la voix depuis des années auprès des populations locales, mais aussi auprès des instances internationales, contre l’accaparement des terres indonésiennes pour y planter les palmiers. Et ils viennent de remporter une première victoire. Pour la première fois, en partie sous la pression de Walhi, le président indonésien Joko Widodo a instauré un moratoire, actif depuis le début du mois, interdisant toute nouvelle plantation d’huile de palme dans son pays.
Il faut savoir que l’Indonésie est le premier producteur mondial de cette huile de palme, présente à tous les stades de nombreux produits agroalimentaires et dans la fabrication de biocarburant. Mais les plantations d’huile de palme se construisent en détruisant toujours plus de forêt tropicale. Hidayati juge ainsi comme un premier pas positif ce moratoire prévu pour trois ans, même si l’association préférerait un moratoire pour vingt-cinq ans, afin que la forêt primaire ait le temps de se reconstruire.
…une catastrophe pour les petits producteurs locaux
Si c’est un pas positif pour l’environnement, la fin des nouvelles plantations d’huile de palme va cependant laisser des milliers de petits producteurs et de locaux sur le carreau. Hidayati milite ainsi aussi pour que l’État indonésien reconnaisse aux populations locales le droit de développer une agriculture durable sur de petites parcelles traditionnelles.
La décision indonésienne survient alors que le pays bataille aux côtés de la Malaisie contre le souhait du Parlement européen d’interdire l’utilisation de l’huile de palme dans les agrocarburants à partir de 2030. Peut-être que le combat de Hidayati et de son association Walhi pour la fin de la déforestation pour produire de l’huile de palme va inspirer la nouvelle secrétaire d’État française auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Emmanuelle Wargon, qui s’est déclarée quant à elle favorable à l’utilisation d’huile de palme dans l’industrie.
Un texte issu de la chronique de Pierre Gastineau pour le Néo Géo du dimanche 28 octobre.
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