Chaque jour, Radio Nova met un coup de projecteur sur un titre. Aujourd’hui : « Yes! » de Killer Mike.
Ooh la la ah oui oui, comme dirait un vieux hit bien à-propos. Killer Mike a mis sa plus belle veste pour aller checker le pasteur avant de se placer, à son tour, derrière le pupitre sacré pour poser sur une prod sacrément lourde, porté par un chœur gospel qui acquiesce. « Yes! » fait partie des trois morceaux exclusifs de la réédition de son dernier album solo, Michael.
Vous avez peut-être passé l’été avec cet album dans les oreilles (parce que Nova vous en a parlé à la sortie et que vous écoutez bien nos conseils), Michael est le premier projet solo du rappeur d’Atlanta depuis son album R.A.P en 2012. À 48 ans, la moitié du mythique duo Run The Jewels a choisi de se raconter dans un album éponyme. Baby Michael sourit largement sur la pochette, il porte des cornes diaboliques et l’auréole d’un ange. C’est clair : c’est un album intime et complexe. On y croise les souvenirs de cette enfance à Atlanta, sa grand-mère qui l’a élevée, puisque sa mère, à l’origine fleuriste, a trempé dans le trafic de drogues (comme Michael le fera plus tard). On y lit l’héritage musical des églises noires, leur gospel et leur foi.
C’est du hip-hop qui groove sévère, avec des pépites de collaborations made in Atlanta : le duo avec Young Thug sur « RUN », par exemple, ou bien l’incroyable “Scientists & Engineers” construit à beaucoup de cerveaux, avec Future, Andre 3000 et Eryn Allen Kane. « This shit is so Atlanta » dixit le Michael lui-même.
La leçon de ce rap du sud est certainement l’importance, toujours, de prendre position. Killer Mike, avec et sans Run The Jewels, est non seulement une figure du rap conscient, mais aussi un activiste. La ville d’Atlanta lui a d’ailleurs dédié la journée du 17 juillet, désormais le « Killer Mike Day ». Au moment où sa ville natale était secouée par les soulèvements liés à la mort de Georges Floyd, écrasé sous la rotule du policier blanc Derek Chauvin, le rappeur avait pris la parole, avec émotion, aux côtés de la maire de sa ville.
Il appelait alors les manifestant‧es à construire la révolte : « Plot, plan, strategize, organize and mobilize” (préparez, planifiez, stratégisez, organisez et mobilisez). Ce fils de flic est ainsi devenu une des figures du mouvement Black Lives Matter.
Même en solo, donc, la rage de ce daron du rap est intacte, toujours anticapitaliste, anti-système, sage et bienveillant. Michael raconte aussi bien les combats des citoyens noirs aux États-Unis, les violences policières (dans la course terrifiée de « Run »), les prières de ceux dont les proches sont tombés dans la drogue dans « Something for the Junkies », l’avortement de son premier amour dans « Slummer »… La version deluxe compte presque 20 morceaux : un biopic musical intense et réussi.