La chronique de Jean Rouzaud.
La dernière expo de cette peintre prolifique et totalement à part a trouvé abri à la galerie Corinne Bonnet à Paris.
Les images qu’elle imagine parlent d’elles-même, comme des blasons ou des rébus : personnages figés dans des postures indécentes, compromettantes, absurdes.
Cette ancienne actrice et performeuse (avec Jean-Louis Costes), n’a rien perdu de son culot et de son originalité, très loin des sentiers battus des
petits réseaux des pistonnés de l’Art concept mondial, snob et creux, filières spéculatives d’imitateurs-rameurs.
Là, il s’agit d’une œuvre mitraillette, qui rafale sans fin les figures humaines et animales entremêlées, complices ou s’entredévorant, un peu comme des images du Moyen-Âge, mais sacrilèges et diaboliques.
Il y est question du corps des deux espèces, dépecées ou mangées, sucées ou avalées, avec la bonhommie d’un cirque ambulant, ou la femme à quatre seins enfile le nain (ou le chien, le singe ou le moustique), ce dernier a deux sexes ou trois jambes, au choix…
Anne Van der Linden ne nous laisse pas le choix : elle nous met sous le nez son héraldique du monde, avec les animaux emblèmes et les humains tordus, dans une sarabande orgiaque, teintée de massacre.
Ni le Paradis, ni l’Enfer
On a les Jérôme Bosch qu’on peut, et notre époque devrait regarder plus attentivement cette œuvre, sorte de boîte de Pandore de nos âmes déchiquetées, qui ne nous menace ni d’Enfer, ni de Paradis.
Ce miroir tendu, c’est notre monde, viscéral et cruel.
Et pour ceux qui n’auraient pas la chance de pouvoir voir l’expo à Paris, une galerie photo, pour se rendre compte de l’ampleur du travail de cette artiste rare.
Anne Van der Linden. Exposition Zoo. Peintures et dessins. Galerie Corinne Bonnet. 63 rue Daguerre. 75014. Du 29 mars au 28 avril 2018 (les toiles ont un double – dessin en hachures classiques).