BCUC, j’aime pas… On dirait un acronyme de club sportif… Et je trouve que ça ne rend pas justice au groupe, alors que Bantu Continua Uhuru Consciousness, ça calme de suite les esprits sceptiques.
Là, on rentre direct dans le lard et c’est bon… Bantu Continua Uhuru Consciousness, comme son nom l’indique maintenant, est un combo de Soweto, une ville où l’on n’a pas pour habitude de faire de la musique pour ambiancer l’heure de la sieste dans les maisons de retraite. Vous commencez donc à subodorer un truc plutôt dansant… C’est pas mal, vous chauffez, mais pas autant que le Bantu Continua Uhuru Consciousness, capable de vous plonger en quelques minutes dans la transe la plus primale grâce à des morceaux qui s’étirent (presque) à l’infini et dans lesquels leur capacité à jongler avec les rythmes, les breaks et les harmonies vocales est juste carrément bluffante… Il faut dire qu’ils ont une section rythmique de malade dotée entre autre d’un bassiste stakhanoviste, qui fait des miracles pour poser tout ça sur des fondations de titans et bouger ton boul’..
Bon, c’est super, me direz vous, mais jusqu’ici même l’esprit nauséabond d’Eric Zemmour n’y verrait qu’une incarnation de plus du cliché des braves Neg’s qui jouent avec le rythme dans la peau… En fait, c’est beaucoup, beaucoup plus grave que ça…
Comme vous l’avez remarqué dans Bantu Continua Uhuru Consciousness, il y a deux mots carrément suspects : Continua qui suggère la référence à des traditions millénaires locales fort peu gauloises et surtout Consciousness qui met carrément tous les signaux au rouge. Consciousness, autrement dit la conscience, l’esprit qui fonctionne, le sens critique éveillé, toutes perversions qui mènent à la contestation de l’ordre établi. Ces gens sont en fait des subversifs qui relayent dans leur textes la parole du peuple et l’incitent à réfléchir et à se libérer l’âme.
C’est donc pour ça que c’est bien et c’est donc pour ça qu’il faut y aller.
La vie est trop courte pour écouter de la musique de parachutiste.