« D’humeur fuyante », cet écrivain parisien, qui publiera à la rentrée un second roman conçu comme un « manuel d’évasion à usage unique », nous pousse à la fugue, aux détours et aux métamorphoses.
C’était cet hiver entre les rayons de la bibliothèque du centre Pompidou, à Paris. Une « nuit de la disparition », orchestrée par l’autrice, chanteuse et danseuse Blandine Rinkel en compagnie du groupe Catastrophe et de quelques complices, parmi lesquels l’écrivain parisien Victor Pouchet, également professeur de français et juré facétieux du Prix de la Page 111 remis chaque automne sur Nova. Ensemble, ils évoquèrent Bernard Moitessier, navigateur-vagabond des mers du Sud qui, en 1968, alors qu’il est donné vainqueur d’un tour du monde en solitaire sans escale, continua sa propre course pendant dix mois ; dissertèrent sur l’évaporation au sens chimique, ainsi que sur l’art de « l’obfuscation », savant brouillage des pistes pour semer l’ennemi ; voire, mais rien n’est moins sûr, reprirent des chansons ayant pour sujet les départs et les métamorphoses, comme J’ai changé de Barbara Carlotti ou encore – traduite en français – le splendide Our mutual friend de The Divine Comedy.
Grimpant à bord de l’Arche de Nova (incognito, sans que personne ne l’ait vu monter à bord, grimé en Noé, barbe longue et toge trouée), Victor Pouchet nous pousse à la fuite, aux détours et aux bifurcations, à nous « inventer des faux noms plus vrais que les vrais », à « écouter très attentivement ce que les autres ont à vous dire pour devenir les personnages de leurs récits ». Dans son second roman à paraître fin août aux éditions Finitude, Autoportrait en chevreuil, « histoire d’amour et manuel d’évasion à usage unique » autour d’un jeune homme qui ferait bien de régler fissa ses « trucs de l’enfance », on note ce conseil en camouflage un rien définitif : « Si tu vois ramper sur le sol un homme livré à son ventre, ce n’est pas un homme que tu as sous les yeux, c’est une bûche. » M’enfin, et si j’ai envie de me déguiser en bûche, hein ?
Visuel © Into the wild, de Sean Penn (2007).