En Normandie, cette musicienne mystique préconise trois jours par mois d’isolement obligatoire, pour une déconnexion introspective capable de faire de nous « des sorciers, des sorcières ».
« On court, on coule / on croule, sous nos poids. » Sur son dernier album sorti en octobre, Sous la lune, Élodie Milo invite à écouter « les louves qui hurlent en nous » via six incantations fort sabbatiques teintées de guitares surf, de pop songeuse ou de rythmiques sud-américaines, écrites et composées pour « explorer de puissants archétypes féminins » : la vierge, la sorcière, la maman ou la putain. Quelques jours avant le confinement, elle présentait à Besançon la première de son spectacle Lunas, mélange de théâtre et de chansons, d’humour et de féminisme, cabaret barré élaboré au diapason des quatre phases du cycle menstruel, conçu avec la danseuse Delphine Dartus et mis en scène par Loïc Deschamps.
« L’heure est venue / de laisser tomber la terre. » Vraisemblablement réfugiée dans une « grotte » de Basse-Normandie, cette musicienne et comédienne parisienne nous invite à « arracher le cuir fripé de nos vieilles peaux sociales » en recommandant, treize fois par an, à chaque nouvelle lune – comme ce sera le cas ce soir, dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 avril – trois jours d’isolement obligatoire, « en éteignant tout ce qui sonne, tout ce qui clignote et tout ce qui vibre », en solitaire.
Inspiré des femmes préhistoriques qui, selon la chanteuse mystique, s’autoconfinaient le temps de leurs règles pour ne pas attirer d’éventuels prédateurs « mais aussi pour recevoir d’importants messages venus des mondes invisibles » (*), ce rituel mixte de déconnexion introspective serait capable, dit-elle, de faire de nous « des sorciers, des sorcières, penchés au-dessus du chaudron de notre âme ». Nous apparaîtront des rêves, des larmes, des décisions personnelles et des idées pour la collectivité, partagés au terme d’un chant yoruba de toute beauté, qu’Élodie Milo interprète ici a cappella.
Pour écouter son album Sous la lune, c’est ici.
* : Aux dernières nouvelles, le porte-parole des mondes invisibles ne sait pas, lui non plus, où sont les masques commandés par le gouvernement français pour enrayer la pandémie de Covid-19.
Visuel © Melancholia, de Lars von Trier (2011).