Conversations divinatoires sur le 21e siècle, avec les écrivains Hélène Gaudy, Charly Delwart, Olivia Rosenthal et Sylvain Prudhomme, collectées lors de la 21e édition des Correspondances de Manosque.
Comment imaginez-vous ce qui nous reste à vivre du 21e siècle ? Quel livre vous a mis sur la voie de ce futur immédiat ? S’agit-il forcément d’un futur sombre, de lendemains de cendres ? Qu’est-ce que ces visions ont provoqué chez vous, sur votre écriture, voire sur votre dernier ouvrage en date ? Bref, tous foutus – ou reste-t-il, allez, un chouïa d’espoir face à l’effondrement général ? C’est la question que j’ai posée, fin septembre, au fil de la 21e édition des Correspondances de Manosque, planqué dans l’arrière-boutique d’une ancienne librairie, à une dizaine d’écrivains, qui ont accepté d’en venir à demain, sans jamais jouer (ou presque) les prophètes d’apocalypse.
Dans le second volet de cette série de conversations divinatoires en deux épisodes d’une heure, quatre auteurs se succédent devant notre micro-boule de cristal :
– Tout d’abord Hélène Gaudy. Sans quitter la parka nécessaire à la lecture de son roman Un monde sans rivage (éditions Actes Sud) sur une malheureuse expédition polaire de 1897, elle se souvient d’un livre de jeunesse, Les Enfants de Noé de Jean Joubert, du temps où « la neige était encore une menace ».
– Tout en tirant des leçons des errances post-apocalyptiques du roman La Route de Cormac McCarthy, le Belge Charly Delwart, auteur d’une drôle d’autobiographie chiffrée (Databiographie, éditions Flammarion) se passionne pour les habitants de l’île des Sentinelles, dans le golfe du Bengale, totalement coupés du monde moderne et capables, ainsi, peut-être, « d’échapper au siècle ».
– De son côté, Olivia Rosenthal, qui dans son Éloge des bâtards (Verticales) plante la graine de la « désobéissance » via neuf réfractaires en lutte contre une mystérieuse « institution », s’interroge sur le futur de notre agriculture – en puisant, bien sûr, dans ses racines, via l’essai du politologue James C. Scott, Homo domesticus – une histoire des premiers États.
– Enfin, Sylvain Prudhomme, porté par son ouverture naturelle aux possibles semblable en cela à l’auto-stoppeur solaire de son roman Par les routes (L’Arbalète / Gallimard), préfère errer dans les rayonnages millénaires de La Bibliothèque de Babel imaginée par Borgès, à la recherche d’une hypothèse pour ces temps incertains, avant de nous résumer l’une de ses nouvelles, La Dernière image, lunaire et fatale.
Nos futurs !
Une émission imaginée et animée par Richard Gaitet, réalisée par Sulivan Clabaut. Merci à toute l’équipe des Correspondances de Manosque. Le premier épisode, avec les prophéties de Cécile Coulon, Alban Lefranc, Brigitte Giraud et Laure Limongi, est à écouter ici : https://www.nova.fr/news/scenarios-pour-lan-2100-nos-futurs-12-33307-13-10-2019/
P.-S. : Sylvain Prudhomme s’est fait l’écho dans Libération de son interview pour cette émission, c’est à lire ici : https://www.liberation.fr/chroniques/2019/10/04/scenarios-pour-le-monde-en-l-an-2100_1755532
Visuels © La Route de John Hillcoat (2009) © Brazil de Terry Gilliam (1985).