À l’occasion de la sortie de la compilation Nova Danse, Pionnières se penche sur le histoires de femmes qui ont écrit l’histoire de la danse. Écoutez aussi les destins d’Isadora Duncan et Misty Copeland et FLO6X8.
1925, à Paris. Le Théâtre des Champs-Élysées, qui quelques semaines plus tôt s’apprêtait à mettre la clé sous la porte, voit le tout-Paris se presser sur son parvis. Tout le monde veut voir de ses yeux la sensation du moment, une américaine noire, qui danse dans un spectacle intitulé La Revue nègre. Elle s’appelle Josephine Baker.
Dans ce Paris des Années folles où les moeurs changent, où les robes raccourcissent et où la mode est à la musique noire, notamment le jazz, pour lequel les parisiens blancs se prennent d’affection avec un soupçon d’exotisme, Josephine est une tornade culturelle et politique.
Au Théâtre des Champs-Élysées, Josephine danse presque nue, une ceinture de bananes autour de la taille, une danse qu’on appellera très vite “la danse sauvage”, qui n’est ni africaine, ni classique, mais complètement improvisée et propre à Joséphine qui avait l’habitude de faire le clown sur les scènes américaines, le rôle réservé aux danseuses noires.
En fait, Joséphine crée un personnage qui lui garantira le succès. La femme que veut voir le public parisien. Une femme noire, érotisée, sauvage, exotique et surtout muette. Le mouvement féministe noir qui s’organise à l’époque à Paris et l’une de ses figures en particulier, Paulette Nardal, lui en voudra beaucoup d’encourager ces clichés raciaux. Et longtemps, on pensera à Joséphine Baker comme, au mieux, naïve et au pire, opportuniste. La réalité est toute autre.
Un épisode écrit, raconté et réalisé par Clémentine Spiler. Pour écouter la bande son de Pionnières, c’est par ici.
Visuel © Getty Images / Collection Privee / Contributeur