Divine Nina

Nina Simone, c’est 50 ans de carrière, près de 300 titres et des tonnes de surnoms : Grande Prêtresse de la Soul, Éternelle Voix du Jazz, Reine du Blues ou encore Sainte-Patronne de la Rébellion pour son engagement en faveur du Mouvement des Droits Civiques. Mais avant de signer tous ces standards et d’inspirer plusieurs générations d’artistes-activistes, Nina Simone fut avant tout une pianiste virtuose qui a nourri le rêve — brisé par le racisme — de devenir la première concertiste classique noire. Et c’est l’accord majeur de ce premier épisode.

Celle qui fut considérée comme la Sainte-Patronne de la Rébellion le dit elle-même, “s’engager relève de la responsabilité de l’artiste”. Les USA et leur histoire sont déterminants dans la trajectoire de Nina Simone, elle qui vit le jour à Tryon en Caroline du Nord sous les lois Jim Crow, ségrégationnistes et racistes. Ardemment engagée au sein du Mouvement des Droits Civiques dès les années 60, Nina Simone dira n'avoir jamais regretté ses prises de positions même si sa carrière en a souffert. Un épisode qui résonne fort à l'heure de Black Lives Matter.

Victime de racisme et complexée par son corps noir toute sa vie durant, Nina Simone a questionné son africanité. En musique notamment, comme de nombreux jazzmen, ce dont témoignent des titres comme "Return Home", "Come Ye" ou "Flo Me La", un thème traditionnel yoruba. Une quête identitaire qui la poussera à explorer concrètement ses origines en se rendant en Afrique, sa "maison ancestrale". Un épisode qui revient particulièrement sur sa participation au Festival Panafricain d’Alger en 1969 et sur son séjour au Liberia avec Miriam Makeba au milieu des années 70.

Nina aime la France : ses cafés, sa culture, sa haute-couture, son amitié à l'égard des Afro-Américains. Et la France aime Nina, qui laisse une empreinte indélébile dans la culture nationale après avoir fini ses jours à Carry-le-Rouet en 2003. En France, Nina Simone fera des concerts, des dépressions, des scandales, des retours de flamme et des colères mémorables. Ainsi qu'un disque : Fodder On My Wings, magnifique, désespéré et méconnu.

L’œuvre de Nina Simone jouit toujours d'une vie extraordinairement riche, revisitée par un nombre extraordinaire d'artistes hip-hop, à l'instar de tous les grands monuments de la Great Black Music. Version sonique du radicalisme noir pour les un.e.s, pour d'autres Nina Simone était une excellente lyriscist avec des textes poétiques, puissants et radicaux, et un phrasé qui se rapprochait parfois d’un flow. Selekta de tracks hip-hop à l'appui, cet épisode est un coup de chapeau à l'héritage artistique et politique de Nina Simone.

Divine Nina : un podcast disponible le 21 février.