Saviez-vous qu’autrefois, le Cancan était réservé aux hommes ? Il a fallu des années de lutte pour que les femmes puissent le danser et que cette danse domine le cabaret français.
Alors que les ailes du Moulin Rouge se sont effondrées mercredi soir dernier, c’est l’occasion de revenir sur l’histoire du célèbre cabaret, et notamment celle du Cancan. La danse, indissociable du cabaret mythique, est devenue le French Cancan à cause des touristes.
Aux origines du Cancan, le « quadrille »
Tout commence avec le « quadrille », une danse très codifiée et en vogue dans les bals parisiens au sein de laquelle apparaît vers 1820 une minute d’improvisation exécutée uniquement par les hommes : le « cavalier seul ». Il s’agissait pour les danseurs de briser l’ordre de la chorégraphie avec des mouvements débridés, des sauts anarchiques et des hurlements stridents. On appelait ça la séquence du « chahut » ou « cancan », d’après le cri et le dandinement de l’oie ou du canard qu’elle évoque. Il s’agissait de numéros à travers lesquels les hommes exprimaient leurs critiques du Gouvernement, du système, leurs idées, leurs revendications.
Le public a rapidement adhéré à ce « cavalier seul » et ce dernier a fini par se prolonger encore et encore. Peu à peu, des figures se sont ajoutées et imposées et le bal est devenu un espace d’improvisation théâtrale et chorégraphique.
Les femmes interdites de faire « cavalier seul »
C’est à ce moment-là que les femmes décident de s’en mêler. Quand quelques audacieuses osent, elles aussi, s’essayer au « cavalier seul », les autorités réagissent violemment contre cette remise en cause des normes sociales. Les quelques femmes qui décidaient de braver les autorités étaient surveillées, arrêtées et systématiquement condamnées.
Ce n’est pas sans mal que les Parisiennes du XIXe siècle vont conquérir le droit de danser seules, sans être guidées par un homme.
L’esprit rebelle du Chahut ou Chahut-Cancan
Alimenté par les révolutions, l’esprit rebelle du Chahut, cette danse qui sort des standards de la danse classique, finit par accoucher d’une première vague de chahuteuses qui prenaient des pseudonymes afin d’exprimer leur engagement politique. Cri-cri, la Possédée ou encore la Reine Pomarée, toutes des chahuteuses devenues reines des cabarets.
Pour l’anecdote, cette fameuse chahuteuse Cri-Cri est morte au Moulin Rouge en faisant le grand écart.
Le French Cancan, une danse héritée d’un combat pour la liberté des femmes de disposer de leurs corps, et de danser seules.