Casser le système d’un jeu vidéo pour l’achever le plus rapidement possible : c’est le concept du « speedrun », une pratique qui réunit de plus en plus d’adeptes.
« Bonjour Armel, bonjour Sarah-Lou, et bonjour à celles et ceux qui ne connaissent pas encore les «speedrunners», ceux qu’on surnomme les « punks » du jeu vidéo… »
Qui n’a jamais tenté de finir un jeu vidéo le plus vite possible ? Si tel est votre cas, félicitations, vous avez déjà expérimenté le « speedrun » sans même le savoir ! Mais pour certains, comme Ronan Letoqueux, plus connu sous le nom de RealMyop, c’est une véritable obsession. Ronan passe une grande partie de sa vie à exploiter des bugs, des « glitchs » comme on les appelle, pour passer plus rapidement à la fin d’un jeu.
Et il est loin d’être le seul dans ce cas. Les speedrunners seraient une dizaine de milliers dans le monde. Pourtant, contrairement à d’autres domaines de l’e-sport qui bénéficient d’une médiatisation importante, la discipline reste encore très confidentielle.
Normal, puisque les speedrunners sont, finalement, de très mauvais clients pour les marques, contrairement aux streamers qui médiatisent leur maîtrise des jeux les plus récents. Rien à voir, donc, avec la philosophie du vrai speedrunner, qui achète très peu de jeux puisqu’il y passe beaucoup, beaucoup de temps et, pire encore, en démontre souvent les failles, ce qui est, comme vous pouvez l’imaginer, une catastrophe pour les communicants d’Ubisoft & compagnie.
Malgré cette relative confidentialité, il a existé en France, entre 2015 et 2019, un marathon spécialement dédié au speedrun. Ces événements sont beaucoup plus répandus aux USA, avec notamment les Games Done Quick, qui diffusent une semaine de speedrun non-stop, deux fois par an.
La particularité de tous ces marathons, c’est surtout leur aspect caritatif. Depuis 2010, les Games Done Quick ont récolté plus de 34 millions de dollars pour la Prevent Cancer Foundation ou Médecins sans Frontières. Leur petit frère français, Speedons, a réuni 614 255€ pour sa toute première édition, au profit de Médecins du monde. Des sommes impressionnantes et surtout une démarche étonnante dans le milieu du jeu vidéo, plutôt avide de compétitions lucratives et de sponsors à gogo.
Mais cette philosophie est cohérente avec l’esprit originel du « speedrun », essentiellement basée sur l’entraide. Ici, pas question de garder ses trucs et astuces pour soi, mais plutôt de les diffuser largement à la communauté via des tutoriels.
Petite nuance, quand même, qui dit entraide ne dit pas forcément absence de compétition. Par exemple, 250 « speedrunners » se situent aujourd’hui à seulement cinq secondes du record sur le célébrissime jeu Super Mario Bros. Et je peux vous dire que la lutte est impitoyable pour arracher ces cinq secondes à l’actuel détenteur du record.
Et pour le côté punk et rebelle, du coup ? Là aussi, il s’agit de mettre de grosses grosses nuances. Les joueurs brisent plutôt le jeu pour en faire un nouveau et s’imposer de nouvelles règles, encore plus contraignantes. Bref, ils cassent le système pour en créer un autre, bien pire, beaucoup plus exigeant. Oubliez donc le côté anar du speedrun, ce serait même plutôt l’inverse….
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site d’Usbek et Rica.
“Tech Paf” au micro d’Elena Scappaticci, rédactrice en chef web chez Usbek & Rica.